Webinaire “Les déjeuners de la recherche” : activités sportives et enjeux environnementaux

Mercredi 3 mai 2023 de 16h à 18h, s’est tenue la cinquième séance de webinaire organisé par le réseau en partenariat avec le GDR Sport et activité physique. Réunissant près de 40 personnes en simultané, la thématique était :

 « Activités sportives et enjeux environnementaux : enquêtes auprès des pratiquant·e·s auto-organisé·e·s et des organisations sportives ».

Chargé de l’animation, Maël Besson, expert en transition écologique du sport, a introduit la séance en questionnant d’une part, l’impact du sport et de la pratique sportive sur l’environnement (utilisation des transports, ou encore la surfréquentation de certains lieux de pratique), et d’autre part, l’impact des problématiques environnementales sur ces pratiques, en lien notamment avec le dérèglement climatique. Cette séance permettait de réunir trois communicants autour de ces enjeux.

Lilia KHELIFI, doctorante en géographie, au laboratoire Médiations à Sorbonne Université, a abordé la question des représentations du surfeur dans son rapport à l’environnement.

Elle a présenté une partie de son travail de thèse réalisé à partir de données d’observation, d’entretiens et de photographies auprès de surfeurs à Madagascar, au Maroc et en France avec la volonté de définir la figure du surfeur contemporain.

Découpée en trois parties, sa communication abordait tout d’abord la mobilité du surfeur. Même si la crise pandémique liée à la Covid_19 valorisait un tourisme domestique et a permis de se rendre compte de l’impact de la pratique sur l’environnement, la tendance à l’heure actuelle serait un retour aux pratiques d’avant la crise. Ainsi, la mobilité fait partie de la pratique du surfeur, peu importe les enjeux environnementaux. Ensuite, elle a questionné l’impact de la (sur)fréquentation de certains spots de surf et a pu faire le constat, lors des entretiens, que la plupart des surfeurs s’interrogeaient peu sur les questions de dégradation de la faune et la flore marine liée à la pollution des océans et à la fréquentation excessive de certains spots. Enfin, elle a abordé l’équipement du surfeur : composé d’une planche, d’un leash (cordon reliant cette planche à la cheville du surfeur) et d’une combinaison, souvent en plusieurs exemplaires pour s’adapter aux conditions des « vagues ». A Madagascar, il n’existe pas de points de vente d’équipements, c’est pourquoi il serait possible de faire un constat de « retour aux sources », par l’utilisation de planches de bois. Cependant, ce matériel est plutôt considéré comme « la planche du pauvre » et les surfeurs malgaches s’équiperaient de matériaux plus performants dès lors qu’ils en auraient la possibilité.

Léna GRUAS, docteure en sociologie du sport, est ATER à l’Université de Bretagne Occidentale, et rattachée au laboratoire LABERS. Elle a présenté une partie d’étude issue de son travail de thèse sur les sports de montagne et le rapport à l’environnement à partir d’une enquête quantitative sur les éco-gestes des randonneur·ses à ski.

Léna s’est interrogée sur le fait que les individus pratiquants des sports de nature adopteraient plus régulièrement un comportement favorable à l’environnement. Elle s’est plus particulièrement intéressée à la pratique du ski de randonnée, sport d’hiver en plein essor avec le développement d’itinéraires balisés au sein des stations de ski.

Un questionnaire, intégrant une variable sur les écogestes des pratiquants, a été diffusé dans des espaces protégés en France (Alpes et Pyrénées), permettant de recueillir près de 1300 réponses, représentées majoritairement par des hommes issus de professions intellectuelles supérieures.

Cette enquête quantitative, a mis en évidence que les femmes étaient plus souvent susceptibles de mettre en œuvre des écogestes, notamment en lien avec les habitudes et les pratiques alimentaires, pouvant s’expliquer notamment parce que les femmes effectuent plus souvent les courses alimentaires. Par ailleurs, ce sont les diplômés universitaires qui adoptent le plus souvent un « éco-habitus ». Enfin, la pratique du sport de randonnée en pleine nature impacte positivement l’adoption de gestes favorables à l’environnement par rapport à la pratique en station.

Alan LE QUELLEC, doctorant en sociologie au laboratoire IDHES, à l’Université Paris Nanterre, a traité de l’écologisation des organisations sportives et « l’isomorphisme institutionnel » à travers le rôle de la professionnalisation.

Dans le cadre de sa thèse, Alan enquête sur le rôle des organisations sportives dans l’incitation des pratiques écologiques. Durant sa présentation, il s’est penché plus précisément sur les salariés porteurs de causes écologiques comme groupes professionnels, et pouvant être identifiés par des intitulés tels que « chargés de mission développement durable », « chargés de mission environnement et transition écologique » par exemple. Alan se questionne sur le rôle joué par les pressions normatives qui tendent à fabriquer, dans les organisations sportives, des manières communes de s’occuper et de gérer les problématiques écologiques.

Il a réalisé 40 entretiens semi-directifs avec des porteurs de la cause écologique et a également fait des analyses de corpus de texte.

Par l’analyse de ce matériau empirique, il identifie plusieurs raisons expliquant cette homogénéité, ou « isomorphisme institutionnel », des organisations sportives vis-à-vis de la cause écologique. Tout d’abord, la « culture professionnelle » dont s’imprègnent les salariés et qui sera en lien avec les connaissances acquises par et pour le travail, mais également liées aux croyances en lien avec la profession. Ensuite, les réseaux professionnels, par exemple les « clubs DD », proposés par le ministère des Sports qui permettent une socialisation professionnelle à la fois verticale et horizontale. Enfin, il fait le constat de la présence d’un habitus professionnel commun à tous les porteurs.